Comment concilier la liberté individuelle des résidents qui veulent voir leurs proches à Noël et la sécurité sanitaire collective. Échange avec un directeur d'EHPAD à Plougastel Daoulas (Finistère), dans lequel 50 résidents et 25 salariés sont positifs à la covid-19.
"À l'issue de la campagne de tests que l'on a réalisée de mercredi à vendredi, les derniers résultats connus ce samedi dressent un bilan de 50 résidents positifs ainsi que 25 salariés. Quatre résidents sont hospitalisés dont un en réanimation. Les autres sont toujours dans l'établissement avec peu de symptomes" explique Bertrand Coignec, le directeur de l'EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Plougastel-Daoulas.
L'Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve, avec 283 résidents et 250 employés, est un établissement conséquent, selon son directeur, beaucoup plus important que la majorité des 12 000 EHPAD de France qui accueillent en moyenne 80 résidents.
"Nous n'avons depuis le début de l'épidémie, aucun décès à déplorer. Ce cluster intervient alors que nous en avions eu un début novembre [10 résidents et 4 salariés positifs, NDLR] qui venait juste de se terminer il y a une semaine. Mais, ce dont on est sûr, c'est que ce cluster n'a rien à voir avec le premier."
Une "période difficile" à l'approche de Noël
"On est pas spécialement très inquiets" tient à préciser Bertrand Coignec, "mais on est préoccupés et surtout très mobilisés."
Il faut reconnaître que c'est une période difficile à vivre car on est à la veille de Noël et tout le monde espérait bien pouvoir se relâcher un peu pour des retrouvailles familiales.
Pour autant, le directeur de l'établissement tient à préciser que si pour une partie des résidents, cette période de fin d'année correspond à des sorties de plusieurs jours pour retrouver la famille ou de quelques heures pour un repas de Noël, cela ne correspond pas à la majorité. Seuls 20% des personnes âgées de l'établissement sortent, "n'oubliez pas qu'elles sont dépendantes" tient-il à rappeler. "Par contre, il est vrai que nous avons beaucoup plus de visites. Les familles sont plus présentes." Et que ce soit pour une sortie ou une visite, il faut "pouvoir concilier la liberté individuelle avec la sécurité sanitaire de tous, au lieu de la sienne uniquement." "C'est le prix de la sécurité des autres, même si c'est pénalisant " ajoute-t-il.
Des mesures drastiques
Pour pouvoir respecter cette sécurité collective, les 50 résidents testés positifs ont été regroupés dans deux unités. Les personnes âgées resteront sans contact physique avec l'extérieur durant trois semaines. Elles pourront joindre leurs familles via le téléphone et des dispositifs d'appel en visio.
Pour 30 cas contacts, testés pour l'instant négatifs, ils sont également "isolés, placés en quatorzaine" et vont être prochainement retestés. Ils vont pouvoir fêter Noël dans l'établissement avec une "petite fête pour marquer l'événement" explique Bertrand Coignec.
Pour la grande majorité qui n'est pas positive, à l'issue d'un nouveau dépistage PCR effectué avant Noël, "on verra quelles mesures on prendra pour rendre possibles les visites mais avec des consignes très strictes." Ceux qui sortent pour plusieurs jours en famille seront isolés 7 jours dès leur retour, "ce sont les recommandations nationales". De même que ceux qui s'absentent un temps court pour un repas festif. "A eux de voir si cela en vaut la peine : une période d'isolement pour quelques heures de sortie" questionne Bertrand Coignec.
Du personnel très engagé
Bertrand Coignec explique que même avec du personnel testé positif et donc en arrêt de travail, il peut cependant compter sur "la forte mobilisation et l'engagement" de ses équipes et que pour pouvoir gérer la situation, il faut pouvoir réorganiser les services et le travail.
D'ici Noël, ce directeur d'établissement se doit d'avancer au jour le jour, en fonction des résultats des tests de dépistage.